Venise au coeur
Aujourd’hui, nous restons au coeur de Venise, entre la Piazza San Marco et le pont du Rialto.
La journée commence tranquillement par la visite du Palais des Doges (les italiens l’appellent palais ducal). Nous avons réservé notre entrée en ligne pour 10:00 (billet groupé avec le musée Correr – 26€). Nous arrivons à 09:30, aucun problème ;). Nous sommes parmi les premiers arrivés, notre visite de ce chef d’oeuvre du gothique vénitien sera très calme et en tout petit comité.

Après une entrée brillante par la Scala d’Oro, nous visitons au second étage les salles richement décorées du collège, du sénat, du conseil des dix, les organes du pouvoir de la République de Venise.


On remarque que l’horloge comporte 24 heures et commence à 18 heures (l’heure du coucher du soleil). C’est l’heure « italique », qui fut remplacée à partir de la campagne napoléonienne par l’heure « à la française » (cadran gradué de I à XII et commençant à 12 heures).
Le clou de la visite est la magnifique salle du grand conseil, une des plus grandes d’Europe. La toile du Tintoret aimante les regards, « Le paradis » mesure 22 mètres de long pour 7 mètres de haut. Tout autour de la salle, les portraits des doges forment une frise impressionnante. Pas un centimètre carré vide au plafond en bois doré, décoré par Tintoret et Véronèse, entre autres.


La visite se poursuit par les cours de justice et la prison des plombs, dans laquelle on accède par le pont … des soupirs bien sûr.
La visite se termine dans la cour intérieure, de style renaissance au pied de la Scala dei Giganti, où le doge était intronisé. En haut de l’escalier trônent les statues des dieux Mars et Neptune.

On quitte le palais par la Porta della Carta, coiffée par un splendide lion ailé, symbole de Venise. Pour la peine histoire, j’ai passé ces 3 jours à collectionner les photos de ces lions que l’on trouve un peu partout dans la ville, de toutes tailles, sur les murs, les drapeaux, le haut des mats, les fontaines…

Sur le livre que tient le lion est inscrite la devise de la ville : « Pax tibi Marce, evangelista meus. Hic requiescet corpus tuum » « . Un ange serait apparu à Marc, de passage à Venise pour lui signifier « Paix sur toi Marc mon évangéliste, tu trouveras ici le repos . »
Voilà de quoi justifier le transfert de la dépouille de Saint-Marc depuis Alexandrie à Venise en 828 !
En sortant du palais, j’avise la queue relativement courte pour accéder au musée et au balcon de la Basilique San Marco. La basilique en elle-même est malheureusement encore fermée. Nous prenons la queue et patientons une petite 1/2 heure à l’ombre.

La basilique a été construite au XI ème siècle pour abriter les reliques de Saint-Marc. A l’origine, elle était la chapelle du palais. Elle incarne le rêve byzantin avec ces 5 dômes bulbeux et ses façades ornées de marbres polychromes.
L’entrée du musée coûte 5€ et il n’est pas franchement très intéressant (collection de mosaïques bibliques) mais la vue de la loggia dei cavalli est très sympa. On y approche une copie des chevaux de Saint-Marc (les originaux sont à l’intérieur) et on observe de près la tour de horloge. Tiens, encore un lion ailé et un cadran à 24 heures !
Et surtout, c’était la seule façon de jeter un oeil dans la basilique, d’admirer les mosaïques à fond d’or, le pavement de marbre qui mêle motifs géométriques et figures animales, les coursives… et de se rendre compte que certains ont pu réserver une visite privée, grrrrr 😦 . San Marco me renvoie immédiatement à Sainte-Sophie, quelles merveilles ! Je vole une photo (c’est interdit, même sans flash).

Il est temps d’aller manger un morceau à la birreria Al Vecio Penasa : quelques tramezzini, une assiette de fromage et un demi de blonde italienne, le tout au frais et avec les locaux. Nous avons même pris le temps d’un passage fraicheur à l’hôtel.
L’après-midi, nous avons traversé, sans doute trop rapidement, les musées Correr. C’est difficile de passer après les splendeurs du palazzo ducale. La collection Morosini m’a bien intéressée : des cartes anciennes, des maquettes de bateau. On peut aussi y voir des sculptures de Canova, dont notre Napoléon ! Et les appartements de Sissi, qui datent de l’époque de la domination autrichienne.
La chaleur monte chaque jour d’un cran, nous allons manger une coupe de glace sur la piazetta au Gran Caffe Chioggia, pour profiter encore de la façade du palais et du va-et-vient des touristes (si, si, je vous assure). Les serveurs sont en costume, il y a de la musique, l’endroit est superbe et les prix sont un peu moins chers que sur la piazza. Nous musardons une bonne heure 🙂 .

Il est temps de nous diriger vers le quartier du Rialto. Un quartier commerçant, où se tient le marché le matin et où tout ce que la ville compte de touristes est sur le fameux pont. Comme le Ponte Vecchio de Florence, le pont abrite des boutiques plutôt luxueuse. Bref…on passe rapidement de l’autre côté du canal où se trouvent des petites pépites comme ce cadran solaire.
Nous avions rendez-vous sur le rooftop du Fondaco dei Tedeschi à 17:00. Cet ancien entrepôt a été magnifiquement rénové. C’est l’équivalent de nos Galeries Lafayette. Au dernier étage, le toit-terrasse accueille 40 personnes gratuitement pour un petit 1/4 d’heure. C’est le paradis du selfie…bon, les vues sont superbes ! Nous sommes arrivés en avance, mais mon air de cocker a attendri le stewart ;).
Ce soir, nous avons réservé un restaurant spécialisé dans la gastronomie vénitienne historique, le Bistrot de Venise.
En entrée : Cisame de Pesse, une recette de Cuocho (Vénitien Anonyme du XIV ème siècle). Il s’agit de crevettes à l’aigre-douces avec oignon, raisins secs, amandes, pignons et épices.
Pour suivre un canard à l’ancienne “Sauce Pevarada” (sauce au poivre et saucisson) accompagné d’un chutney de pommes sauvages et d’oignons rouges, une recette de Bartolomeo Scappi (cuisinier du XVI ème siècle).
Et pour terminer, un dessert aussi fin que léger, Torta Biancha Reale : Ricotta et crème fraîche, cœur de gingembre, accompagné d’une glace à la rose et d’une gelée de fruits des bois. Une recette de Bartolomeo Scappi, qui a travaillé à Venise puis dans les cuisines papales au XVI siècle.
Une promenade nocturne clôturera cette journée pleine de beauté et de grâce.


Venise m’a conquise, définitivement… je reviendrai, c’est certain.
