Birding Daríen
La province du Daríen, à l’extrême est du Panama, est l’un des coins les plus sauvages et reculés de l’isthme. L’accès se fait par la fameuse route panaméricaine, nommé ici Panamá 1, qui se termine dans la ville de Yaviza, avant la frontière colombienne. Il n’y a pas de route permettant de traverser cette frontière mais une forêt dense. On nomme le secteur Bouchon du Darién (Darién Gap en anglais).


Crédits : Milenioscuro / PouX
CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons
Le Daríen est aussi le plus grand parc d’Amérique centrale, avec 572 000 hectares de forêt tropicale, des rivières et montagnes. C’est un sanctuaire pour les harpies féroces, les jaguars, les tapirs, les singes araignées et de nombreuses autres espèces. Nous resterons à distance de cette zone protégée mais dangereuse, en proie aux trafics – de drogue et de migrants.
Le Canopy Camp est situé au milieu de forêts secondaires, parsemées de clairières. Nous accèderons aux forêts de plaine – tropical lowland forest – dans la réserve Emberá-Wounaan. La région du Darien abrite en effet des peuples autochtones du Panama, dans de grandes réserves appelées comarcas. Les indiens gèrent ces comarcas en autonomie.
Les sites d’observation des oiseaux étant parfois éloignés du camp, les excursions se font en minibus ou à bord de la Birdmobile, un Toyota Land Cruiser modifié pour affronter les chemins de terre. Une glacière bien chargée nous accompagne dans nos sorties.

Les guides de Canopy Family ont une connaissance parfaite des oiseaux de la zone néotropicale. Ils sont capables de les repérer à distance, de les identifier visuellement mais aussi en écoutant leurs chants. C’est véritablement bluffant. Tino les imitent à la perfection, à tel point que les oiseaux répondent et s’approchent.
Quand les chants sont complexes, la technologie vient en support. Les guides utilisent l’application Merlin couplée à une enceinte audio pour diffuser le chant de l’oiseau cible. Cette application, élaborée par Cornell University, permet d’identifier les oiseaux du monde entier : c’est une immense base de données contenant photos et sons.

Si tous les birdwatchers sont équipés de jumelles, il est parfois nécessaire d’utiliser une longue-vue. Là-aussi, le savoir-faire est important, pour positionner le scope, trouver l’oiseau à travers branches et feuillages. Pour les participants, il faut être réactif (ça bouge les oiseaux), observer rapidement et laisser la place aux copains.

Le matériel utilisé est performant, l’objectif très lumineux permet de faire des photos avec un simple smartphone. J’ai testé la digiscopie, c’est plus difficile que cela y parait. Comme toujours, il faut de la pratique.
Tino et Oscar Fría (ci-dessous) sont des experts à la main ferme – même pas besoin d’adaptateur !

Plus d’une dizaine de spots sont visités depuis le camp, selon les conditions. Certains arrêts le long de la route panaméricaine offrent de bonnes observations. D’autres spots sont insolites, comme la station-service ou le cimetière de Yaviza !
Nous avons été surpris de découvrir que les champs que nous longions étaient des champ de riz. C’est plutôt logique quand on sait que les panameños en consomment quotidiennent. Les paysages sont agréables, très différents des rizières asiatiques, et le birdwatching plutôt bon.


Quand on arrive juste au moment de la moisson, le spectacle des rapaces est génial même s’ils sont trop loin pour faire de bonnes photos. Je me suis rattrapée sur le matériel agricole et les groooosss camions US 🙂





El Salto Road est le spot emblématique du secteur. Nous y avons fait 3 sorties et avons eu la chance de voir les 2 plus gros oiseaux de proie du pays : Crested Eagle (84 cm de haut pour 146 cm d’envergure) et Harpy Eagle (96 cm de haut pour 188 cm d’envergure). Il y avait aussi de plus petits oiseaux dont mon préféré, le Blue Dacnis (mâle et femelle) et de beaux rapaces (Roadside Hawk).
Il y a plus d’un an, le Canopy Camp a découvert le long de cette route un nid de Crested Eagle. Il a été décidé de louer la parcelle, de la sécuriser puis de lancer une recherche scientifique sur le comportement de cette espèce lors de la nidification et de l’élevage du jeune. Le juvénile est maintenant autonome mais reste dans les environs. Le trouver à plus de 20 mètres de hauteur n’a cependant pas été simple et le photographier très difficile.
La chaleur se fait plus intense lorsque le soleil est de la partie. Nous devions rejoindre notre voiture à pied mais finalement nous avons fait du stop 😉 et fini le trajet dans la beine d’un pick-up….très local comme moyen de transport.
L’excursion sur la rivière Maria à la recherche de l’aigle harpie a été une journée très agréable, bien que boueuse et pluvieuse après le déjeuner ! Tout commence par une bonne heure en bateau sur les rivières Tuirga puis Maria, l’occasion de voir notre premier caïman.



Accueillis et guidés par une famille Embera, nous avons marché une quarantaine de minutes pour accéder à un point de vue aménagé sur une hauteur par Canopy Family. Tout est prévu pour que l’aigle ne soit pas dérangé et pour notre confort avec l’installation d’une cache et de bancs. Il faut parfois attendre des heures avant le retour d’un des adultes.
Nous avons eu de la chance, la femelle était au nid, en train de couver. Ces oiseaux ont besoin d’un gros arbre pour installer leur nid. Dans le Darién, le cuipo est le meilleur choix. Nous sommes loin du nid mais la vision dans le scope est excellente. Le film de Patrick produit un meilleur résultat que nos photos, même s’il avait la bougeotte :(.
Après le pique-nique, nous avons essuyé un grosse averse. Cela s’est fini de façon sympathique sous une bache, avec Omar, ce petit garçon qui a l’air de trouver curieux le poncho de Patrick 🙂 !


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