Trek aux chimpanzés

Située entre 1 100 et 1 590 mètres, la forêt de Kibale est tantôt pluvieuse, tantôt recouverte d’étendues d’herbe et de marais. Elle s’étend sur  766 km2 et offre les meilleures conditions pour l’observation des chimpanzés (1450 individus recensés, répartis en 13 communautés).
Le parc de Kibale est entouré de plantations de thé et d’eucalyptus. Il faut savoir qu’il n’y a plus de forêts primaires, c’est à dire peu touchées par l’homme, en Ouganda. 98% des forêts sont « en régénération », 2% sont plantées (de pins ou d’eucalyptus) donc peu utiles à la préservation de la biodiversité locale.
Le point positif est qu’un quart des espaces forestiers sont des aires protégées et que 35% des forêts sont justement affectées à la préservation de la biodiversité.

Le parc et ses alentours abritent 13 espèces de primates dont à notre palmarès :

  • Uganda mangabey (Lophocebus ugandae),
  • Ugandan red colobus (Procolobus tephrosceles)
  • Schmidt’s Red tailed monkey
  • Baboon (Papio anubis)
  • Black-and-white colobus (Colobus guereza)
  • Chimpanzee (Pantroglodytes)

Nous partons à pied du Primate Lodge. Ce n’est pas le cas de tous les visiteurs 🙂

Premier singe de la journée, ce beau babouin olive (Papio anubis) qui débouche en même temps que nous sur le parking. J’avoue que je n’ai plus peur des babouins !

Après un briefing au Kanyanchu Visitor Center, nous partons en petit groupe de 6 personnes dans la forêt humide à la rencontre des chimpanzés pour  un trek d’environ 2 à 3 heures. Le permis pour ce trek coûte 150$ pour les non-résidents.

Nous sommes accompagnés par Justice, ranger de la réserve de Kibale. Le plan est de chercher les chimpanzés au moment de leur réveil, quand ils descendent des arbres où ils ont passé la nuit.

Les Rangers de l’Uganda Wildlife Authority sont très compétents, ils ont suivi une formation particulière, en collaboration avec l’Institut Jane Goodall. C’est en observant les indices laissés par nos proches cousins, en écoutant leurs cris que les rangers arrivent à localiser un groupe tout en haut d’un figuier.

Nous marchons à un rythme soutenu dans une ambiance humide et fraiche, le sol est boueux, parfois bien glissant… c’est l’aventure ! Nous ferons 11 kilomètres et passerons 3 heures dans la forêt.

Un seul groupe de chimpanzés est localisé, tous les groupes d’humains se rejoignent et nous passons une heure en leur compagnie. La règle stipule une distance de 8 mètres minimum. Comme ils sont restés dans les arbres, nous étions à une bonne dizaine de mètres !

Seuls deux femelles qui rejoignaient le groupe sont passées entre nous, très près et en évitant tout contact visuel. Justice nous explique que nous ne les importunons pas. Elle grimpe pourtant au plus vite dans un arbre.

Nous avons rejoint ce groupe d’une vingtaine d’individus juste au moment de leur réveil et nous avons pu observer des comportements variés : réveil, câlins et grooming (toilettage), petit-déjeuner. Certains coquins se sont amusés à nous faire pipi dessus !

Une femelle était en oestrus (la vulve très gonflée ne laisse aucun doute), nous avons été témoins de copulations successives par le mâle dominant.


L’ambiance est assez électrique chez les chimpanzés. Ils se disputent bruyamment avant le retour au calme. Je vous invite à écouter !

Je n’ai pas de bonnes photos car les conditions étaient difficiles au regard de mes compétences photographiques : ciel blanc et contre-jour, position inconfortable vers la cime des arbres, buée dans le viseur avec le masque (obligatoire pour éviter toute contamination).

Avant notre voyage, j’ai lu ces trois ouvrages très différents au sujet des chimpanzés. 
« Chimpanzés, mes frères de la forêt » est un journal passionnant écrit par Sabrina Krief, vétérinaire et primatologue au Muséum National d’Histoire Naturelle. Elle mène depuis des années des recherches dans le parc de Kibale, sur l’automédication des grands singes.
« Les chimpanzés des Monts de la Lune » est un superbe album qui complète parfaitement le premier ouvrage. C’est le fruit de la collaboration de Sabrina avec Jean-Michel, son mari photographe.

Evidemment, j’ai dévoré le livre de jane Goodall, « Ma vie avec les chimpanzés », qui décrit ses débuts en Afrique grâce à Louis Leakey. Elle transmet son amour et son respect des animaux par cette phrase : « Aucune espèce n’est inférieure à une autre ».